La France reprend son souffle
Croissance ralentie mais la marche continue
Au T1 2018, la croissance française ralentit à + 0,3 % après un rythme trimestriel moyen de 0,6 % en 2017 : sur un an toutefois, la hausse du PIB atteint 2,1 %. Le relâchement observé sur les trois premiers mois de l’année n’est pas propre à la France, il est mondial. D’ailleurs, la contribution du secteur extérieur est quasi-nulle, témoignage de la perte d’élan de la demande de nos partenaires, dont l’Allemagne. Aussi, après l’effet conjugué de ce coup de froid et des grèves déclenchées au printemps, la croissance du PIB français en 2018 sera inférieure à celle enregistrée en 2017 à + 2,2 %. Le consensus reste optimiste, pas de fin de cycle attendue et les réformes doivent booster la croissance à moyen terme.
Côté demande domestique, moins de vitalité. L’investissement des entreprises ralentit à 0,6 %, potentiellement un ajustement vu le rebond observé en fin d’année passée. L’investissement des entreprises financières continue quant à lui de croître à un rythme soutenu : + 1,3 %. L’effet digitalisation, comme nous le soulignons depuis octobre 2016, prend le relais dans nombreux secteurs : les robots advisors et le digital sont désormais au menu des compagnies d’assurances et banques, pour gagner en compétitivité prix, productivité et parts de marché. Des études de la Banque de France suggèrent que l’investissement des entreprises portent sur des produits à forte dépréciation, en lien avec la composante immatérielle du digital et numérique, ce qui expliquerait le rythme de croissance stable observé de l’investissement sur certaines composantes. Il est donc important que le taux de marge des entreprises à 31,9 % se consolide au cours de temps, les réformes vont dans ce sens. L’investissement résidentiel des ménages s’érode très légèrement après un record historique de 5,1 % sur l’ensemble de l’année 2017. Indicateur avancé du secteur résidentiel, le taux de croissance annuel des crédits à l’habitat reste élevé à 5,8 % sur le T1 2018 : 16 Mds€ par mois en moyenne depuis janvier. Les taux bas continuent de porter la croissance des prix, notamment sur les grandes métropoles régionales, et plus particulièrement sur le segment de l’ancien.
Quant à la consommation privée, elle reste sur son rythme trimestriel de 0,2 % (+ 1,2 % sur un an), identique à celui des entreprises et administrations : la consommation en biens manufacturés par les ménages n’accélère pas, le frein aura été l’effet CSG, clairement un vent défavorable sur le comportement cigale des français. L’indicateur de confiance des ménages, bon référent des tendances à venir, reste à un niveau élevé : plus d’optimisme sur la baisse du chômage (dont le taux s’est replié à 8,8 %, niveau le plus bas depuis 2009) mais une anticipation de hausse des prix et possiblement des achats de précaution. Le ralentissement du pouvoir d’achat est pour sa part bien effectif, à 0,2 % et explique que le taux d’épargne reste constant à 14,2 % – contre 14 % en 2016.
Indice du climat des affaires en France (base 100 en 2010)
Sources : Données nationales et IEIF
Investissement en France (base en 2012)
Sources : Données nationales et IEIF
Zone euro, une marche moins rapide
Au T1 2018, la croissance en zone euro est de 0,4 %, soit + 2,5 % sur un an. La progression est bien en deçà du 0,7 % enregistré au trimestre précédent, mais pas plus d’inquiétudes puisque le ralentissement pour l’ensemble de la zone était largement anticipé, notamment pour la croissance allemande avec + 0,3 % contre + 0,6 % antérieurement. La zone euro continuera de faire mieux que le Royaume-Uni. L’Espagne, malgré les déboires en Catalogne, continue d’afficher une croissance de 0,7 % au T1 2018, soit + 2,9 % sur un an.
En Italie, la hausse est de 0,3 %, soit 1,4 % sur un an. Le raffermissement de la croissance européenne depuis l’année passée permet au taux de chômage de reculer à 8,5 % : du jamais vu depuis janvier 2009 ! Si le taux d’investissement des entreprises est en hausse à 22,8 %, le taux de profit s’érode à 41,1 %, mais reste globalement satisfaisant. Enfin, sur le marché résidentiel en zone euro, les prix sont en hausse de 4,2 % sur un an mais ralentissent, plus particulièrement en France et en Espagne. La pierre d’achoppement reste les difficultés de recrutement notamment dans certains secteurs clés.
L’immobilier français marche au pas
Les dernières données MSCI publiées en Avril dernier témoignent d’un marché français tonique en 2017 : un rendement de + 8 % avec un ralentissement du rendement en capital (+ 3,6 %) mais une bonne tenue du rendement locatif (+ 4,3 %). Comme anticipé dans nos travaux, le rendement locatif devient clé dans la contribution à la performance globale à moyen terme. Les investisseurs ont bien compris que l’effet taux fait désormais partie du passé. Côté indicateurs conjoncturels, les créations d’entreprises sont en hausse et les défaillances au plus bas, même si la concentration de nouvelles entités se renforce dans les zones déjà gagnantes. La polarisation du marché locatif s’en trouvera renforcée et avec elle celle de l’investissement.
Indicateur de confiance des ménages
Sources : Données nationales et IEIF
Extrait de l’étude « Le tableau de bord trimestriel de l’immobilier en France » rédigé par Béatrice Guedj (Senior Advisor de l’IEIF) ; Étude réservée aux adhérents de l’IEIF.
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