World Economic Forum – Global Risks Report – 10 janvier 2024

Le Forum économique mondial vient de publier la 19ème édition de son rapport annuel sur les risques mondiaux, réalisé à partir d’une enquête menée du 4 septembre au 9 octobre 2023 auprès de 1500 experts, dirigeants d’entreprise et responsables politiques. Ils y expriment leur perception des risques et menaces à court terme (horizon 2 ans) et long terme (horizon 10 ans) pouvant impacter la croissance économique, les populations et les ressources naturelles. Afin d’affiner les résultats, l’appréciation des risques est également analysée selon les nationalités et les classes d’âges des sondés.

L’analyse des risques perçus s’organise autour de 4 tendances lourdes communes à l’échelle planétaire, qui nécessitent dans l’immédiat d’engager des transitions fondamentales avec des conséquences significatives sur la décennie à venir : le changement climatique, les évolutions démographiques, l’accélération de l’innovation technologique, la reconfiguration géopolitique.

Le premier chapitre identifie l’année 2024 comme un point de bascule, et les anticipations à court terme sont assez négatives : 54 % des sondés craignent un accroissement de l’instabilité et des turbulences mondiales, un sentiment qui se renforce à un horizon plus lointain pour deux tiers des sondés.

Dans un environnement économique globalement dégradé aux perspectives d’évolution très incertaines et alors que de nombreuses échéances électorales vont rythmer l’année 2024, mobilisant plus de la moitié de la population mondiale en âge de voter, le risque principalement mis en avant par les sondés est celui de la manipulation de l’opinion liée à la désinformation. C’est la première fois que cette menace apparaît explicitement dans les réponses, ce qui traduit l’essor des usages de l’intelligence artificielle et les dérives potentielles qui peuvent y être associées et accentuer davantage la fragmentation d’un monde déjà très divisé. Les risques liés à des technologies se manifestent aussi dans l’anticipation des dommages que pourraient causer des cyberattaques (qui figure dans le top 10 à court et long terme).

La crainte de phénomènes météorologiques extrêmes (notamment dus à l’effet El Niño – ENSO) arrive en 2e position et reste en tête des préoccupations à plus longue échéance, avec toutefois des degrés d’urgence appréciés différemment selon l’âge des répondants et selon qu’ils émanent de la sphère privée ou publique (société civile et gouvernements). Le risque de dépasser un point de non-retour à horizon 10 ans est développé dans le deuxième chapitre, avec des impacts différenciés selon le niveau de vulnérabilité des personnes et des efforts d’adaptation qui auront été déployés selon les pays.

La polarisation des sociétés est considérée comme une menace sérieuse (3e position dans les risques à court terme) et est fortement corrélée au risque de récession économique. Ces risques combinés sont porteurs de nombreuses autres menaces (montée des violences, du chômage, atteintes aux droits humains, hausse de la dette et de l’inflation, risque de bulles…).

Dans le contexte géopolitique actuel, et au vu des évènements récents, la crainte de conflits armés entre Etats apparaît dans le top 5 des préoccupations à court terme, renforçant la conviction qu’une coopération accrue entre les pays, à des échelles diverses, autour des enjeux environnementaux, socio-économiques et technologiques actuels permettrait de limiter un certain nombre de risques. La décennie à venir est considérée à cet égard comme décisive.

Top 10 des risques mondiaux selon leur gravité à court et long terme

Synthèse rédigée par Soazig Dumont
Analyste senior
Pôle marchés immobiliers

Cette semaine, l’IEIF a repéré également pour vous…

• BCE – Bulletin Economique n°8 – 11 janvier 2024 – Voir l’étude
• Banque Mondiale – Perspectives économiques mondiales – 9 janvier 2024 – Voir l’étude