BCE – Turbulent times : geopolitical risk and its impact on euro area financial stability – publié le 14 mai 2024

L’ étude, publiée ce 14 mai par la BCE, porte sur les périodes de turbulences et la menace des risques géopolitiques sur la stabilité financière et l’économie mondiale.

Dans le contexte actuel de montée des risques géopolitiques – lié aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, et à la crainte d’une escalade des tensions entre la Chine et les Etats-Unis concernant Taiwan – la BCE rappelle que l’histoire récente montre qu’il est peu probable que des événements géopolitiques défavorables provoquent à eux seuls une crise systémique mais que la vigilance doit tout de même rester accrue.

Cependant, en cas de vulnérabilités préexistantes, les tensions géopolitiques pourraient déclencher une détresse systémique sur certains territoires : l’étude met ainsi en exergue que les institutions financières doivent à la fois assurer une gestion saine des risques et diversifier leurs activités pour être à même de maintenir la stabilité financière de  la zone euro. Les recherches récentes d’universitaires et de politiques, ainsi que les données empiriques présentées par la BCE, suggèrent que la matérialisation du risque géopolitique pourrait avoir des effets négatifs tant sur la solidité des banques que sur les établissements non bancaires de la zone euro.

Si les crises géopolitiques provoquent des altérations rapides du climat des affaires et une forte augmentation du niveau d’incertitude déstabilisant ainsi les marchés financiers, elles peuvent également nuire aux perspectives de consommation et d’investissement des ménages, avec des répercussions directes sur la croissance économique. Ces effets négatifs sur l’économie réelle et les marchés financiers pourraient avoir des conséquences négatives sur le financement, les prêts, la solvabilité, la qualité des actifs et la rentabilité des banques et des établissements non bancaires.

En ce sens, les estimations empiriques de la BCE confirment que les variables financières de la zone euro réagissent aux risques géopolitiques. L’étude estime que l’indice EURO STOXX 50 serait impacté d’environ 1 % à la baisse en réponse à un choc géopolitique d’une intensité d’1 écart-type tandis que l’indice de volatilité VSTOXX augmenterait d’1,5 point. De plus, les estimations réalisées au niveau des banques montrent qu’il existe une corrélation statistiquement significative entre l’indice GPR (Geopolitical Risk, mesurant la probabilité et l’intensité d’évènements géopolitiques défavorables) et les spreads de CDS (Credit Default Swap) des banques de la zone euro. En revanche, cette relation est inverse entre le prix des actions et l’indice GPR. Les coefficients estimés par la BCE suggèrent qu’une augmentation d’un écart-type de l’indice GPR génère une augmentation des spreads de CDS de 38 points de base et une baisse des cours boursiers d’environ 6 % (ces résultats sont amplifiés par les banques faiblement capitalisées et moins rentables).

Face à ce constat, la BCE préconise aux institutions financières de mettre en place des équipes dédiées ou de faire appel à des services spécialisés pour suivre en permanence les évolutions géopolitiques afin d’anticiper les risques et d’adapter leurs stratégies en conséquence. La réalisation régulière d’évaluation de leur résistance aux risques géopolitiques en procédant à des stress tests et la souscription à une assurance contre le risque politique sont également recommandées par la BCE. En dernier lieu, elle conseille l’élaboration de plans d’urgence robustes afin de pouvoir réagir rapidement à des événements inattendus et de minimiser les perturbations d’activité.

Réaction accrue des marchés au risque géopolitique pour les banques faiblement capitalisées et moins rentables

Source : Eurostat and ECB (GFS, ICP, MNA), ECB (RTD, supervisory data), Bloomberg Finance L.P., LSEG, S&P Dow Jones Indices LLC and/or its affiliates, Caldara and Iacoviello*, Ahir et al.** and ECB staff calculations

Synthèse rédigée par Christopher Puyraimond,
Analyste – Pôle fonds immobiliers

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