Extrait de l’étude trimestrielle « Tableau de bord trimestriel de l’immobilier en France » (4T 2018) réservée aux adhérents de l’IEIF.
Les marchés immobiliers en 2018
Transactions : un recul en 2018 en Île-de-France. Avec 2,5 millions de m² commercialisés sur l’ensemble de l’année, le marché locatif des bureaux en Île-de-France connaît une légère baisse de 5 % par rapport à 2017. Le 4e trimestre enregistre une forte baisse avec – 27 % par rapport au T4 2017 et 642 000 m² commercialisés.
Seules les surfaces comprises entre 5 000 et 10 000 m² connaissent une progression. CBRE explique notamment ce recul par la raréfaction des très grandes transactions au T4 2018 alors que le T4 2017 avait été très actif : le créneau des surfaces supérieures à 5 000 m² a ainsi reculé de 13 % pour se rapprocher des 982 000 m². Recul principalement lié aux transactions de surfaces de plus de 20 000 m² qui ont connu une baisse de 30 % sur un an. A noter que les surfaces comprises entre 5 000 et 10 000 m² représentent plus de la moitié des grandes transactions. Il en va de même pour les surfaces inférieures à 1 000 m² dont l’offre est limitée et concurrencée par le déploiement des centres de coworking. A l’inverse, la vigueur des PME permet au segment des 1 000 – 5 000 m² de connaître une dynamique inégalée depuis 2007 avec : + 8 % sur un an avec environ 758 000 m² placés.
45 % des transactions ont été réalisées en 1ère périphérie. Un report de Paris vers la première périphérie se confirme depuis deux ans. Le secteur de Péri-Défense concentre 46 % des volumes de 1ère périphérie – principalement Nanterre alors que le Croissant Ouest connaît un recul des commercialisations (- 7 % par rapport à 2017.) Il faut rappeler que 2017 avait été particulièrement dynamique sur ce secteur avec 652 000 m² placés. La Défense connaît également un recul prononcé : – 28 % avec 135 400 m² placés. Certaines entreprises qui prévoyaient de s’y installer ont reporté leur choix vers le secteur Péri-Défense qui bénéficie d’immeubles neufs ou à construire à des prix plus attractifs. La 2eme couronne est le seul secteur à connaître une progression des transactions en 2018 (+ 26 %) avec 346 000 m² commercialisés.
Une offre immédiate toujours insuffisante : l’offre immédiate de bureaux en Île-de-France s’établit à 2 944 000 m² au 31 décembre 2018, en recul de 10 % par rapport au 31 décembre 2017. Le stock parisien ne représente plus que 353 000 m² et celui de La Défense 177 000 m². Et une offre à venir en hausse : les bureaux en cours de construction représentent 1,5 million de m² au 1er janvier 2019, en progression de 25 % sur un an. Ils seront principalement localisés dans Paris intramuros en 2019 et en 1ere périphérie en 2020.
La contraction de l’offre concerne l’ensemble des surfaces mais est particulièrement préoccupante pour les petites surfaces avec un recul de 23 % pour les surfaces inférieures à 1 000 m². Dans le Croissant Ouest, les livraisons vont passer de 143 000 m² en 2018 à 253 000 m² en 2019 selon Cushman & Wakefield. Il existe aujourd’hui 1,1 million de m² de bureaux en chantier et à commercialiser en Île-de-France. A plus long terme, près de 2,4 millions de m² pourraient être livrés à horizon 2022 en Île-de-France.
Un taux d’écoulement très disparate : selon l’IEIF, le taux d’écoulement de l’offre tertiaire en Île-de-France est de 1,3 an : il est de seulement 0,4 an à Paris, de 1,6 an en 1ere couronne et de 3,8 ans en 2eme couronne, atteignant même 5,2 ans sur le marché de l’ancien. Pire, 43 % de l’offre disponible en 2eme couronne est libre depuis plus de quatre ans, affichant ainsi un niveau d’obsolescence record. Un taux de vacance en léger recul : la vacance de bureaux en Île-de-France se stabilise sous le seuil des 3 millions de m² à fin décembre 2018. Cela représente un taux de vacance global de 5,5 % au T4 2018 contre 6 % un an plus tôt. L’offre de première main demeure faible et représente 15 % de l’offre globale. Avec 2,3 % de vacance, Paris continue à être sous-offreur, et en particulier le QCA avec 1,3 %. A l’inverse, on note encore des niveaux de vacance élevés en 1ere couronne (7,5 %) et dans le Croissant Ouest (10,1 %).
Une absorption nette positive : en 2018, l’absorption nette est restée positive pour la quatrième année consécutive avec un solde net de 687 000 m². Le dynamisme des PME et ETI explique cette performance. L’IEIF prévoit qu’elle devrait rester encore largement positive dans les années à venir avec un niveau prévu de 718 000 m² en 2020.
Principales transactions locatives du T4 2018
En régions, le phénomène de métropolisation favorise l’émergence de nouveaux quartiers d’affaires dans les principales métropoles régionales et dynamise le marché des bureaux en province.
Selon CBRE, en région Rhône-Alpes, 320 000 m² ont été placés à Lyon, en hausse de 23 % par rapport à 2017. Il s’agit d’un niveau record. On y dénombre 4 signatures supérieures à 10 000 m² : les deux prises à bail d’EDF (15 200 m² et 10 900 m²) et le clé-en main de Bobst (10 285 m²).
Loyers : hausse liée à la rareté de l’offre. Le loyer facial des bureaux atteint en moyenne 380 € HT HC/m²/an pour les biens de seconde main en Île-de-France, soit une progression de 7 % sur un an et 386 € HT HC/m²/an pour les biens neufs ou restructurés, en progression de 3 % sur un an. Les valeurs locatives prime n’ont que peu progressé. Elles s’établissent à 350 €/m²/an en 1ere couronne et 540 €/m²/an dans l’Ouest. A Paris QCA, elles montent à 810 €/m²/an, en hausse de + 4 % sur un an. A l’inverse, les loyers de seconde main connaissent une forte hausse et atteignent des sommets en fin d’année. Faute d’offre, ils atteignent désormais 590 €/m²/an dans Paris QCA, soit 10 % de plus que le plus haut historique. En régions, le loyer prime reste très peu volatil. Il atteint 300 – 320 € HT.HC/m²/an dans les localisations centrales de Lyon ou Marseille.
Des mesures d’accompagnement en baisse, principalement pour les surfaces inférieures à 5 000 m². Selon les données d’Immostat, les mesures d’accompagnement ont reculé de – 0,7 point au T4 2018 pour atteindre 19,9 % en moyenne en Île-de-France. Les surfaces supérieures à 5 000 m² continuent de bénéficier d’un accompagnement supérieur de 4,6 points par rapport aux autres actifs. Les différentiels par zones géographiques restent très importants : les mesures d’accompagnement sont de 7,5 % dans Paris Nord Est et de 28,3 % à La Défense.
Quelles perspectives ? Le ralentissement de la croissance couplé à un climat des affaires très déprécié ainsi que des changements d’usages et une nouvelle demande laissent envisager un tassement en 2019 : l’IEIF prévoit un tassement de l’activité immobilière de bureaux dans les deux ans qui viennent pour un atterrissage aux alentours de 2,3 millions de m².
Le marché des bureaux en Ile-de-France au T4 2018
Recul du pouvoir d’achat en 2018. La consommation des ménages a été freinée par le retour de l’inflation à plus de 2 %. La baisse des prix de l’énergie devrait la contenir en 2019. Le pouvoir d’achat pourrait s’améliorer en début d’année 2019 sous l’effet des baisses d’impôts prévues en 2019 (exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, baisse des cotisations salariales et exonérations sur les heures supplémentaires) à moins que le prélèvement à la source ne provoque un choc psychologique. Selon l’INSEE, la consommation des ménages en termes de biens n’a progressé que de 0,1 % en 2018. Le textile (- 1 %), l’alimentation (- 0,4 %) et l’énergie (- 0,3 %) sont les plus touchés. A l’inverse, l’équipement de la maison (+ 2,5 %) connait une belle performance.
Une fréquentation des points de vente en berne. Après une année 2017 qui pouvait laisser penser à un retournement de tendance (- 2,7 % sur l’année seulement), 2018 marque la poursuite de ce mouvement important (- 6,7 %).
Selon le Procos, l’activité du commerce s’est soldée par un chiffre d’affaires négatif : l’année se termine avec une baisse de chiffres d’affaires magasins de – 3,3 % après une année 2017 stable (- 0,2 %). Seuls deux mois ont connu une évolution positive de l’activité magasin : avril (+ 0,9 %) et surtout octobre (+ 5,3 %). La fin d’année a été particulièrement catastrophique : – 6,8 % (- 8,5 % en périphérie et – 5,5 % en centre-ville) au mois de novembre et – 3,9 % en décembre. En cause, les week-ends d’actions des « gilets jaunes » qui ont bloqué l’accès aux commerces, quand ces derniers n’avaient pas baissé le rideau. Manifestations qui ont également marqué les deux premiers week-ends de décembre avec une chute moyenne de 12,5 % des entrées magasins sur tout le territoire. Le CNCC estime, quant à lui, à 2 Md€ la perte du secteur. Pour soutenir les commerçants ayant subi des dégâts, la région Île-de-France a voté lundi 17 décembre une aide d’un million d’euros.
Recul des constructions au profit des extensions. Le volume des surfaces commerciales autorisées en 2018 enregistre à nouveau une légère chute de 6,5 % avec 1 334 459 de m². 2018 n’aura donc pas produit l’effet accélérateur attendu avant la mise en place de la loi Elan qui vient modifier les règles d’urbanisme commercial en 2019. Les autorisations commerciales ont beaucoup diminué en volume comme en nombre depuis 2010. Le secteur alimentaire représente plus de 30 % des surfaces autorisées en 2018. Les extensions de surfaces commerciales existantes prennent une place de plus en plus importante dans les autorisations commerciales avec 40 % du total.
Toutes les typologies de commerces ont connu une année 2018 dans le rouge :
– Les pieds d’immeubles s’en sortent un peu mieux : les magasins des rues marchandes semblent résister un peu mieux (- 3 %) que les autres polarités commerciales. C’est particulièrement le cas pour les boutiques de luxe avec l’ouverture de 48 points de vente à Paris en 2018 contre 26 en 2017. Le discount et le haut-de gamme résistent mieux que le moyen de gamme. Le revenu cumulé des discounters a ainsi progressé de 20 % de 2013 et 2018 selon Xerfi. Les perspectives restent prometteuses : Xerfi prévoit une croissance de + 15 % de chiffre d’affaires à l’horizon 2021 pour les enseignes bazar et + 8 % pour les enseignes de déstockage. Les marques changent leur stratégie, préférant ouvrir des flagship et fermer des points de ventes non stratégiques à l’image d’H&M et Zara qui pourraient avoir fermé près du quart de leurs magasins de Paris intramuros d’ici fin 2019 au profit de boutiques spectaculaires, à l’image de celle ouverte par Zara boulevard Haussmann. A fin 2018, il convient de souligner de très belles transactions sur les Champs-Elysées : la cession du futur Nike au fonds souverain norvégien pour 613 M€. Un deal qui intervient huit mois après la vente de l’immeuble de l’Apple Store pour 600 M€. 2019 pourrait également être l’année de « la plus belle avenue du monde » avec l’ouverture au 1er semestre des Galeries Lafayette, de boutiques Lancôme, Dior, Chanel Cosmétique et Bulgari. Le marché des régions est également dynamique, principalement dans les grandes métropoles régionales, principalement Lyon qui représente 25 % des opérations en province, mais également Bordeaux, Nantes, Nice, Toulouse et Strasbourg.
– Les centres commerciaux souffrent également : les centres commerciaux ont terminé l’année 2018 sur une baisse de fréquentation cumulée de – 1,7 % selon l’indice du CNCC. L’Ile de France a mieux résisté que les autres régions, respectivement – 1 % et – 2 %. Par typologie, les centres périphériques ont été logiquement les plus touchés, suite aux nombreux blocages de leurs ronds-points et routes d’accès. De nombreuses ouvertures. Près de 173 000 m² ont été inaugurés en 2018 : 59 % correspondent à des créations de nouvelles surfaces, 23 % à un projet d’extension/transfert et 18 % à une restructuration contre seulement 2 % en 2017. Un dernier trimestre très marqué par les mouvements des « gilets jaunes » : d’après une étude publiée à Noël par Nielsen, les cinq semaines de mobilisation des « gilets jaunes » ont causé une perte de 1 % du chiffre d’affaires pour la grande distribution, soit 160 M€ par rapport à l’année dernière. Le distributeur Carrefour affiche un manque à gagner de 110 M€ pour ses hypermarchés et 39 M€ pour ses supermarchés. Pour la Fnac Darty cela s’élève à 17 M€. Après cinq week-ends de forte baisse, la fréquentation des centres commerciaux a rebondi de plus de 6 % en France, samedi 22 et dimanche 23 décembre, selon le CNCC. Ce bon chiffre n’a pu cependant rattraper les replis de 17 % du samedi 8 décembre ou de 14 % du samedi 24 novembre. Les centres commerciaux de centres-villes sont particulièrement affectés avec une baisse de leur fréquentation de – 5,1 % sur l’ensemble de l’année.
– Les retail parks, également très touchés par les mouvements sociaux : selon les chiffres du Procos, les moyennes surfaces de périphérie ont connu un recul de 10,1 % des ventes en novembre. Les blocages à l’entrée des zones commerciales ont particulièrement impacté les retail Parks. Moins d’ouvertures. Après les 480 000 m² de 2017, 370 000 m² (11 créations ex nihilo de surfaces commerciales, soit 252 084 m², et 18 extensions-rénovations de surfaces commerciales, soit 119 083 m²) de nouvelles surfaces ont été inaugurées en 2018. Il s’agit du premier recul observé depuis 2014.
Loyers : vers une stabilisation. En 2018, les loyers prime des commerces de pieds d’immeubles sont restés stables, tant à Paris (19 000 €/m²/an sur les Champs-Elysées, 13 500 € avenue Montaigne ou rue Saint-Honoré, 5 500 € boulevard Saint-Germain) qu’en province (2 500 €/ m²/an sur Lyon/Presqu’ile, 2 400 € rue Sainte Catherine/cours de l’Intendance à Bordeaux ou 1 700 € dans le Vieux Lille) selon Cushman & Wakefield.
Le e-commerce poursuit sa percée. En 2018, le e-commerce poursuit sa croissance avec une hausse des ventes via internet de 14 % sur un an, accompagnée par l’essor du m-commerce en croissance de + 50 % en un an selon la Fevad. Le online représente, selon la Fevad et GFK, 22,9 % de la distribution retail si l’on intègre les livraisons à domicile, le click and collect et le drive. La croissance des ventes s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de sites marchands qui sont passés d’une vingtaine à l’origine à plus de 200 en 2018. Les ventes des enseignes sur internet continuent leur croissance (+ 13 % selon le panel Procos), signe que les différents acteurs poursuivent leur adaptation aux attentes des consommateurs et au retail de demain.
Quelles perspectives ? Selon l’INSEE, la consommation des ménages pourrait être meilleure en 2019 (+ 1,4 %) qu’en 2018 (+ 0,8 %). Cela peut s’expliquer par une inflation qui devrait être plus contenue, une légère augmentation du salaire par personne et donc du pouvoir d’achat, une baisse des prélèvements obligatoires (charges sociales et 1/3 de la taxe d’habitation). Il reste cependant un certain nombre d’inconnues : l’impact psychologique du prélèvement à la source sur la consommation, la durée et les conséquences des mouvements sociaux liés aux « gilets jaunes » et l’impact du Brexit et des mesures protectionnistes dans le cadre de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.
Une année 2018 qui a démarré doucement mais se termine par un très bon niveau. Le marché de l’immobilier logistique enregistre un niveau élevé en 2018 avec plus de 4 millions de m² placés. Il s’agit cependant d’un volume inférieur à 2017 (4,7 millions de m²) qui avait été une année record, portée par des opérations de grande ampleur. Sur l’ensemble du territoire national, la demande placée d’entrepôts de plus de 10 000 m² s’élève à 3 081 000 m² en 2018 : 2 272 800 m² en régions et 808 200 m² en Île-de-France. Il s’agit d’un volume en recul de 19 % par rapport à 2017. Sur ce créneau de plus de 10 000 m², 943 100 m² ont été placés sur le seul T4 2018.
Recul des grandes surfaces : les entrepôts XXL ne concentrent que 27 % des m² commercialisés en 2018 contre 42 % en 2016 et 46 % en 2017 selon JLL. Les entrepôts dont les surfaces sont comprises entre 20 et 40 000 m² ont, à l’inverse, été très prisés en 2018 avec 1 285 600 m² placés au travers d’une cinquantaine de signatures.
Moins de clés en main : ils ne représentent que 42 % des volumes de l’année (1,6 million de m² commercialisés) contre 54 % en 2017. A l’inverse, les comptes-propres représentent 79 % des projets en développement de l’année.
Prime au prime : les actifs de classe A (81 % du volume global) localisés sur la dorsale (63 % du volume global) représentent l’essentiel du marché.
En Île-de-France : sur l’ensemble de l’année 2018, la demande placée d’entrepôts de plus de 5 000 m² s’élève à 1 035 000 m² (partie sud de l’Oise comprise). Il s’agit d’un volume en net recul par rapport à 2017 (- 44 %). Les prestataires logistiques concentrent 52 % des transactions.
Le marché des régions : la dorsale capte toujours une plus grande partie des m² commercialisés (58 %).
La région lilloise a été particulièrement dynamique : 561 637 m² commercialisés sur l’ensemble de l’année, en hausse de plus de 80 % par rapport à 2017. 54 % des transactions étaient supérieures à 20 000 m². Elle est suivie par la région Rhône-Alpes qui connaît une hausse de 30 % des transactions avec 647 635 m² commercialisés.et 16 % de l’ensemble des transactions 2019 devrait également être une bonne année car, pour répondre à la pénurie d’offre vacante, de nombreux projets sont à l’étude et 3 programmes sont en cours de construction. La région PACA arrive en troisième position, grâce notamment à une transaction XXL au T1 2018 et à la croissance du trafic du port de Marseille Fos. Faute de projets, la région risque cependant d’être confrontée à un manque d’offre en 2019. Les deux plus grandes transactions de l’années ont été réalisées par des logisticiens : Simastock (79 000 m² à Lille) et Katoen Natie (75 500 m² à Marseille).
Valeurs locatives faciales au 1er janvier 2019
HT HC/m²/an, classe A, neuf/restructuré
Des tensions sur l’offre mais de nombreux projets à venir : en Île-de-France, l’offre vacante de qualité s’érode sur les zones les plus tendues. Malgré une pénurie d’actifs de plus de 50 000 m², il existe de belles perspectives de libérations à 6 mois ainsi que des lancements en blanc. En fin d’année 2018, on recense 310 000 m² en cours de construction, soit le plus important volume enregistré depuis 2009. Les projets de logistique urbaine se multiplient : 105 000 m² recensés en 2018.
Des loyers stables mais des avantages commerciaux qui se réduisent pour les meilleurs emplacements : pour les meilleurs actifs, les loyers restent stables. On note par contre une très forte segmentation entre les différentes localisations métropolitaines. Malgré une absence d’offre de qualité, les valeurs sont sous pression à Lyon. A l’inverse, la maîtrise du volume foncier devrait contenir la hausse des valeurs à Lille. Enfin, la rareté du foncier risque de faire augmenter les valeurs à Marseille.
Quelles perspectives ? Le marché de la logistique devrait continuer sur la même pente ascendante en 2019 grâce à la fois à des projets de grande ampleur en périphérie mais aussi à l’émergence de projets logistiques complémentaires de plus en plus novateurs en zone urbaine. Près de 310 000 m² sont en cours de construction en fin d’année 2018, il s’agit du volume le plus important jamais enregistré depuis 2009.
2018 : l’année du tourisme. L’année écoulée marque un nouveau record de fréquentation touristique en France. Le gouvernement a confirmé qu’environ 90 millions de visiteurs étrangers étaient venus en France en 2018. Le précédent record datait de 2017, avec près de 87 millions de touristes. Au cours de l’année écoulée, les arrivées de visiteurs étrangers ont progressé, quelle que soit leur nationalité. Pour 2020, le gouvernement table sur un nouveau record à 100 millions de touristes étrangers.
Une fin d’année compliquée… : « gilets jaunes », attentat de Strasbourg, le dernier trimestre 2018 envoie des signaux d’insécurité aux touristes internationaux. On évoque une chute d’activité allant de 30 à 50 % dans l’hôtellerie dans la capitale, plus marquée à mesure que l’on monte en gamme. Le recul des réservations pour le mois de décembre est estimé entre 20 et 25 % pour l’ensemble du territoire. La clientèle fortunée semble avoir préféré se tourner vers Londres ou Rome pour leur shopping de fin d’année. Dans certains établissements de luxe, prisés par les clients étrangers au fort pouvoir d’achat, le taux d’occupation n’a pas dépassé 40 %. Selon le GNI , la perte pour l’ensemble du secteur hôtellerie-restauration générée par le mouvement des « gilets jaunes » se chiffre à 250 M€.
…mais une année 2018 performante dans son ensemble avec une hausse de la fréquentation, sur l’ensemble du territoire. Le taux d’occupation a progressé de plus de 1 point par rapport à 2017 pour s’établir à 68 % tandis que les prix augmentent d’environ 5 % selon MKG. A l’échelle de l’Hexagone, le niveau de fréquentation hôtelier a dépassé le niveau de 2014, dernière année de référence avant les attentats. Seule la catégorie super-économique enregistre une légère baisse de sa fréquentation (- 0,3 point) mais il s’agit d’une tendance longue. Des prix qui progressent : il en résulte un RevPar en hausse exceptionnelle de 7,3 % en 2018 par rapport à 2017 au niveau national. Les prix moyens augmentent pour presque l’ensemble des catégories, plus principalement pour les moyens (+ 5 %) et les hauts de gamme (+ 4,7 %). La meilleure conjoncture nationale et le retour d’une clientèle étrangère fortunée expliquent le succès de ces segments.
Paris : très touchée par les grèves du printemps et les manifestations des gilets jaunes. Dans la capitale, où se réalise environ un tiers de l’activité hôtelière en France, la fréquentation devrait rester légèrement sous son niveau de 2014 pour s’établir à 79 %, en deçà de son niveau de 2014 (plus de 80 %). Le climat social tendu a coûté 1,5 % de RevPar aux hôteliers parisiens selon MKG. Peu impacté en novembre par les manifestations des « gilets jaunes », les hôteliers parisiens ont subi de plein fouet le recul de fréquentation dans leurs établissements le mois suivant. Les hôteliers parisiens voient ainsi leur RevPar chuter de – 20 % les 25 et 26 décembre alors qu’il progresse dans toutes les autres capitales européennes sur la même période : + 18,3 % à Berlin, + 19,8 % à Bruxelles et + 26,9 % à Vienne.
La reprise n’est pas encore aux rendez vous début 2019. Les hôteliers n’ont pas d’autre choix que de baisser leurs prix.
Des prix qui progressent cependant en moyenne : sur l’ensemble de l’Île-deFrance, le RevPar a progressé de 12 % grâce à une conjoncture économique positive. A Paris intra-muros, on constate une progression des prix de + 8,5 % en 2018 : + 14,7 % pour le segment économique ; + 10,3 % pour le moyen de gamme et + 9,6 % pour le haut de gamme.
Les étrangers ont tiré la croissance : la plupart des clientèles internationales est en augmentation en Île-de-France, notamment les Italiens (+ 28 %), Espagnols (+ 18 %) et Allemands (+ 17 %). En revanche, la clientèle française est en légère baisse (- 1 %).
En régions, une reprise inégale : en province, on note une stabilisation de la fréquentation (+ 0,2 point). Certaines agglomérations et la Côte d’Azur profitent à plein du rebond. Cela bénéficie principalement au haut de gamme qui a vu sa fréquentation progresser de 1,3 point et ses prix augmenter de 2,4 %.
Evolution de l’activité hôtelière par gamme
2018 comparé à 2017
Construction de logements : la fin d’un cycle de croissance. Les permis de construire et les mises en chantier ont, tous deux, chuté de 7 %. Les mises en chantier se montent à 398 100, tandis que les permis de construire se sont élevés à 460 500 unités. Le T4 2018 a été particulièrement catastrophique avec un recul de 18,3 % par rapport au T4 2017. Le sévère coup de frein subi par le secteur du bâtiment cette année, devrait se confirmer en 2019, selon le groupe d’assurance-crédit Euler Hermes. La FFB n’est guère plus optimiste, prévoyant un recul de 27 000 logements mis en chantier en 2019, après 50 000 de moins en 2018 par rapport à 2017. La suppression au 1er janvier 2019 du dispositif de défiscalisation Pinel dans les zones « détendues » (celles où l’offre est supérieure à la demande) est un nouveau coup dur pour le neuf.
Une désolvabilisation malgré des taux toujours très attractifs ? En 2018 les taux d’emprunts se sont rapprochés de leurs plus bas niveaux au point d’atteindre 1,40 % sur 15 ans, 1,60 % sur 20 ans et 1,80 % sur 25 ans en décembre. Il faut noter que, depuis la deuxième moitié de l’année, le taux moyen s’établit en dessous de l’inflation qui a, elle, accéléré en 2018 pour s’établir à 1,8 %. Cela n’a pourtant pas empêché un ralentissement significatif de la demande avec une demande de crédit à l’habitat qui n’a cessé de reculer depuis le printemps 2017 selon les données de la Banque de France.
Transactions : le début d’un retournement ? Dans l’ancien, selon les données des Notaires de France, le nombre de ventes réalisées à fin septembre 2018, et sur les douze derniers mois, s’élève à 956 000 dans l’ancien, soit un peu plus que l’année dernière : + 0,8 % sur un an. Sur l’ensemble de l’année le baromètre LPI Se Loger note une contraction des transactions (- 5,8 %) alors que ce même volume avait connu une progression de 2,4 % en 2017. Ce recul est plus important en régions (- 6,9 %) qu’en Ile-de-France (- 2,8 %). Cette baisse aurait pu être plus forte si les établissements de crédit n’avaient pas assoupli leurs exigences en termes d’apport personnel.
Dans le neuf : la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) anticipe une diminution des ventes de l’ordre de 10 000 à 15 000 unités entre 2017 et 2018. Malgré ce recul, la Fédération anticipe un niveau des ventes qui demeurerait positif : avec 145 à 150 000 logements, 2018 resterait une bonne année, le recul est plus sévère dans le secteur des maisons individuelles (- 15 %) que dans le collectif ( – 7 %). En 2019, la baisse devrait être plus importante : selon les derniers chiffres du ministère de la Cohésion des territoires, le nombre de permis de construire délivrés est en baisse de 5,2 % (473 000 logements autorisés), sur 12 mois à fin novembre 2018. Même dynamique du côté des mises en chantier qui font état d’un recul de 0,6 % (415 500 unités) sur un an.
Prix : ralentissement de la hausse. Selon les Notaires de France, les prix des appartements anciens ont progressé de 3,5 % sur un an (+ 1,4 % sur le trimestre) en France métropolitaine contre + 4,5 % en 2017 : + 2,6 % sur un an en province et + 4,2 % en Île-de-France. L’évolution des prix des maisons est plus limitée : + 2,6 % en France métropolitaine sur un an, + 2,7 % en province et + 2,0 % en Île-de-France. Dans le neuf, le baromètre LPI-SeLoger relève une hausse de + 2,1 % sur un an, avec un prix moyen de 4 325 €/m² versus 3 882 €/m² dans l’ancien. Cette hausse des prix, qui rend de plus en plus de ménages insolvables sur les zones les plus tendues, s’explique à la fois par des niveaux de taux de plus en plus attractifs et par l’arrivée d’une nouvelle population, particulièrement solvable, les anciens expatriés d’Outre-Manche qui rejoignent l’Île-de-France, dans un marché déjà tendu.
A Paris, les prix, atteignent désormais 9 892 €/m² en moyenne selon SeLoger. Century 21 indique que les valeurs ont triplé depuis 2001. 50 % des arrondissements connaissent un prix moyen supérieur à 10 000 €/m². Il semblerait qu’il s’agisse là d’une limite qui, en l’état actuel des capacités financières de la demande, explique un début de retournement des prix dans la capitale. Le montant moyen des transactions y était de 461 118 € l’an dernier (contre 452 545 € en 2017) pour une surface moyenne en baisse de plus d’un mètre carré, à 49,5 m².
En régions, les prix témoignent de marchés très hétérogènes. Après une augmentation générale des prix de l’immobilier de 0,4 % en 2015, puis de 2,9 % en 2016 et de 4,2 % en 2017, l’année 2018 se termine par une hausse de 3,5 % sur un an, selon les estimations du baromètre de LPI-SeLoger. En moyenne nationale, le prix du mètre carré s’établit donc à 3 244 euros en 2018. Quatre villes affichent des hausses annuelles supérieures à + 5,0 % : Lyon (+ 8,0 %), Toulouse (+ 6,3 %), Nantes (+ 5,8 %), Rennes (+ 5,4 %). A Lyon, ils dépassent allègrement les 5 000 €/m² dans certains arrondissements. Bordeaux qui avait connu une année exceptionnelle en 2017 semble un peu marquer le pas en 2018 avec une progression de 5,6 %. À l’exception notable de ces villes, la moitié des villes enregistrent un recul de leurs prix, témoignant d’un marché à deux vitesses.
Recul des marges de négociations : la demande des logements allant decrescendo, les vendeurs n’ont pas d’autre choix que de se montrer raisonnables au moment de fixer le prix de vente du bien dont ils veulent se séparer. Il en résulte des marges de négociation plus limitées selon le baromètre LPI Se Loger. Elles se montent à 4,3 % (3,7 % pour un appartement et 4,9 % pour une maison) sur l’ensemble du territoire en début 2019. Elles sont de 4,9 % pour les maisons et de 2,9 % pour les appartements en Île-de-France. Elles sont particulièrement faibles en Alsace : 1,4 % pour une maison et 2,8 % pour un appartement.
Un pouvoir d’achat qui s’est détérioré en 2018 : d’après L’Observatoire Crédit Logement/CSA, la capacité des ménages à devenir propriétaire s’est détériorée. 59 % des 34 villes de plus de 100 000 habitants connaissent une baisse de la surface habitable achetable. C’est principalement vrai à Limoges (5,7 m² en moins au T4 2018), Bordeaux (- 3 m²), Montpellier (- 2,9 %), Toulouse (- 2,5 %) et Clermont-Ferrand (- 2 m²). A Paris, la surface achetable a diminué de 5,4 m² au cours du T4 2018. En dépit de conditions de crédit qui permettent encore la réalisation des projets immobiliers des ménages, rendant supportables des coûts d’opérations plus élevés, l’indicateur de solvabilité de la demande confirme le recul observé depuis la fin de l’année dernière. Les raisons sont multiples : la suppression des aides à l’accession, la dégradation du moral des ménages et des prix qui ne sont plus en phase avec la solvabilité des ménages. Des primo-accédants toujours très actifs : ils représentent 48 % des transactions réalisées en 2018, en léger recul par rapport à 2017 (51 %). Cette baisse s’explique par le fait qu’ils sont de plus en plus nombreux à avoir déjà concrétisé leur projet durant les 3 années de rattrapage. Des investisseurs qui reviennent : ils sont à l’origine de près de 25 % des transactions réalisées dans l’immobilier ancien contre 15 % en 2017.
Quelles prévisions ? Cafpi imagine un recul des primo accédants qui pourrait amener un début de retournement de marché. La BCE devrait mettre fin à sa politique de Quantitative Easing au cours du 1er semestre 2019 et rehausser ses taux directeurs au 2e semestre. Ces actions pourraient aboutir à une hausse de 0,5 % des taux pour les crédits immobiliers. A cela s’ajoute un recul du moral des ménages : selon la dernière enquête Ifop, seuls 30 % des Français envisagent de devenir propriétaires de leur résidence principale dans les cinq prochaines années contre 34 % en mars 2018. La hausse des prix des logements devrait ralentir pour la deuxième année, se limitant à 2,5 % contre 3,7 % en 2018.
Extrait de l’étude trimestrielle « Tableau de bord trimestriel de l’immobilier en France » rédigé par Charles-Henri de Marignan, Analyste Senior – MRICS. Etude réservée aux adhérents de l’IEIF.
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