Dans cette nouvelle édition, le baromètre Arthur Loyd analyse la façon dont les critères d’attractivité et de résilience des métropoles en France peuvent évoluer sous le prisme :

          –  de la dynamique territorialisée des créations d’emplois;
–  de la mise en œuvre de l’objectif ZAN au regard des disponibilités foncières ;
–   de l’investissement dans les filières de transition climatique par une approche statistique, et en identifiant les freins potentiels à l’essor de l’industrie verte et au déploiement des EnR.

L’analyse territoriale de l’emploi salarié du secteur privé à l’échelle des aires d’attraction des villes et des départements permet de mesurer le dynamisme économique des territoires et d’anticiper les besoins immobiliers. Il en ressort la confirmation du retour d’une certaine polarisation de la création nette d’emplois dans les grandes et très grandes métropoles régionales, ainsi que dans le Grand Paris élargi, notamment dans le secteur des services marchands autres que le commerce ou l’hôtellerie-restauration. Ce sont 24 départements qui concentrent 82 % des créations nettes d’emploi entre les 2e trimestres 2022 et 2023, dont 6 sont situés en Ile-de-France, illustrant le rôle de moteur économique que conserve la région, et notamment Paris, en dépit d’une revitalisation récente observée dans certaines villes moyennes. Les zones littorales, le pourtour méditerranéen et le couloir rhodanien confirment par ailleurs leur attractivité.

Le fait que l’artificialisation ait été un moteur du développement économique des territoires est remis en perspective avec l’objectif de sobriété foncière liée à la mise en place du ZAN. A partir d’un indicateur de tension socio-économique et du calcul d’un besoin théorique d’artificialisation par bassin d’emploi, un manque théorique d’hectares à artificialiser sur la période 2021-2030 est estimé à 113 000 ha au niveau national, avec de grandes disparités selon les territoires. La rareté du foncier économique est d’ores et déjà établie dans les territoires les plus attractifs, avec un impact observé sur les prix immobiliers (résidentiels et professionnels), et l’étude s’interroge sur l’aggravation potentielle de la hausse des coûts immobiliers que la mise en œuvre du ZAN pourrait induire sur le long terme.

Dans le contexte actuel de réindustrialisation souhaitée par les décideurs politiques, un chapitre est consacré à l’évaluation des investissements réalisés dans les filières vertes avec une répartition régionale. Les statistiques montrent une activité soutenue dans les EnR, les batteries et la filière recyclage-déchets qui ont capté 98 % des 12,8 Mds d’€ investis au 1er semestre 2023, ainsi qu’une forte progression des investissements dans les régions des Hauts de France, PACA et Grand Est entre 2022 et 2023.

Le palmarès des 50 métropoles et agglomérations du plus de 100 000 habitants est ensuite présenté selon un classement général combinant 75 indicateurs statistiques organisés en 4 grandes thématiques : vitalité économique, accueil des entreprises et immobilier professionnel, connectivité-capital humain-transitions, qualité de vie. Dans un souci de cohérence, les 50 aires d’attraction des villes sont classées en 4 groupes selon le nombre d’habitants (voir illustration).

L’observation de l’ensemble des paramètres et les évolutions constatées démontrent que le dynamisme d’un territoire se mesure à sa capacité à attirer à la fois des habitants, des entreprises et des capitaux pour développer les infrastructures nécessaires à la poursuite de son développement. D’année en année, les performances liées aux critères relevant des « ressources économiques », de « l’innovation et la transition verte », des mobilités et de l’enseignement supérieur influent de façon constante sur le classement, de même que la dynamique démographique, le niveau d’équipement et la qualité du parc immobilier professionnel. Face aux contraintes environnementales actuelles, le modèle d’attractivité territorial pourrait cependant évoluer et reposer davantage sur la capacité d’un territoire à optimiser son aménagement urbain pour rendre son développement compatible avec les objectifs de sobriété foncière. La réponse aux enjeux de densification et de mise aux normes du bâti, la reconquête des friches constitueront ainsi de nouveaux marqueurs à suivre.