L’étude intitulée « 2024’s elections around the world: the who’s who and the so what » du département de recherche macro-économique d’AXA Investment Managers souligne que l’année 2024 devrait être marquée par un calendrier électoral très chargé avec comme point d’orgue les élections américaines du 5 novembre : plus de 60 pays se rendront aux urnes, soit 54% de la population mondiale représentant 60% du PIB mondial.

L’élection taïwanaise ouvre le bal le 13 janvier 2024, des élections sensibles d’un point de vue géopolitique. 23 millions de taïwanais ont voté à 40% pour le parti démocratique progressiste qui est favorable à l’indépendance, ce qui constitue un revers pour Pékin qui a immédiatement déclaré que la réunification était inévitable malgré les résultats. Les experts d’AXA IM estiment que les sanctions chinoises imposées à Taïwan restent symboliques et ne devraient pas pénaliser le secteur des semi-conducteurs, étant donné le rôle crucial qu’il joue actuellement y compris pour la Chine. Dans ce contexte, la croissance de l’économie taïwanaise devrait être supérieure à +3 % grâce à la reprise des exportations, après une année 2023 très faible.

Parmi les élections majeures, celles du Parlement européen se dérouleront les 6 et 9 juin 2024 : elles devraient se solder par un virage vers la droite, ce qui pourrait avoir un impact sur l’orientation politique globale de l’Union et rendre plus difficile la mise en œuvre de certaines politiques, notamment celles liées au changement climatique. Le Parti populaire européen arrive actuellement en tête des sondages (23,8 %) devant les Socialistes et Démocrates (19,6 %). Si les partis d’extrême-droite atteignent collectivement un tiers des sièges, ils pourraient être en mesure de bloquer certaines procédures du Parlement européen. Au-delà de la difficulté à adopter des lois, ils pourraient également influencer l’agenda stratégique et retarder la mise en œuvre des politiques en cours. Quels que soient les résultats, les principales priorités politiques seront probablement le rétablissement de la compétitivité des prix de l’énergie, la mise en œuvre du pacte vert et l’élargissement de l’Union européenne. Le prochain mandat pourrait également prolonger la date limite des dépenses du plan de relance NextGenerationEU, un plan de 800 milliards d’euros mis en place après la pandémie du Covid-19.

L’élection américaine du 5 novembre 2024 : compte tenu de l’importance économique, politique et géostratégique des États-Unis, les élections américaines seront probablement les plus suivies dans le monde. Une répétition de l’élection présidentielle de 2020 semble hautement probable opposant à nouveau Joe Biden à Donald Trump. Les sondages désignent actuellement Trump comme vainqueur, mais les experts d’AXA IM estiment que l’amélioration économique d’ici la fin de l’année pourrait profiter à Biden. Le niveau d’incertitude sur le résultat demeure considérable :  Trump est confronté à un certain nombre de procédures juridiques qui pourraient avoir un impact sur sa candidature à la présidentielle et il n’a actuellement pas le droit de se présenter dans plusieurs États. Cette question d’inéligibilité sera examinée par la Cour suprême à partir du 8 février et tranchée d’ici le 5 mars. De plus, les sondages seront probablement impactés par l’état de santé de l’économie américaine d’ici le 5 novembre. Les prévisions économiques d’AXA IM anticipent un atterrissage en douceur aux États-Unis, un retour de l’inflation à son objectif et une légère hausse du chômage, ce qui devraient améliorer les chances de Joe Biden. Donald Trump n’a pas encore proposé de programme clair. Cependant, les experts d’AXA IM s’attendent à ce que les propositions de son second mandat s’inscrivent dans la continuité des thèmes mis en avant lors du premier : Donald Trump a déjà suggéré un droit de douane généralisé de 10 %, poussant les États-Unis vers encore plus de protectionnisme. Les réductions d’impôts prévues dans la loi de 2017 expirent à la fin de 2025, AXA IM s’attend à ce que Donald Trump renouvelle son programme de réduction des impôts. Mais l’inquiétude la plus importante concerne une probable montée des tensions géopolitiques sous un second mandat de Donald Trump : il s’agirait notamment de tensions renouvelées avec la Chine, mais également des inquiétudes quant aux impacts sur les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.

Quel que soit le vainqueur, la nouvelle administration américaine sera confrontée à deux défis majeurs :

Les élections britanniques : les cinq années de mandat du gouvernement prendront fin le 17 décembre. Les conservateurs disposaient d’une majorité pure et simple de 80 sièges en 2019, au plus fort du Brexit. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, le Parti travailliste aurait de fortes chances de l’emporter. L’impact économique de cette élection pourrait être similaire quelle qu’en soit l’issue : le nouveau gouvernement sera confronté à des finances publiques dégradées avec des coupes budgétaires significatives au cours des années à venir. Un resserrement budgétaire réduirait les emprunts publics et renforcerait les arguments en faveur d’une baisse des taux, ce qui pourrait alors propulser la croissance future.

Les autres élections dans le monde : le 14 février prochain, l’Indonésie qui constitue le pays musulman le plus peuplé dans le monde (200 millions d’électeurs) devra choisir un successeur au Premier ministre Joko Widodo. En Inde, 945 millions d’électeurs indiens se déplaceront entre avril et mai 2024 avec comme grand favori l’actuel Premier ministre Narendra Modi. Plusieurs autres pays organiseront également des élections en 2024 : le Sénégal (25 février), l’Iran (1er mars), la Russie (17 mars), la Turquie (31 mars), la Corée du Sud (10 avril), l’Afrique du Sud et le Panama (en mai), le Mexique (2 juin), la Roumanie (29 septembre) et l’Uruguay (27 octobre).