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Vendredi 21 juin 2024

DÉVELOPPEMENT DURABLE

INSEE – En chemin vers la neutralité carbone. Mais quel chemin ? – publié le 13 juin 2024

L’étude, publiée ce 13 juin par l’INSEE, explore les trajectoires vers la neutralité carbone en développant un modèle de choix optimal d’investissement entre le capital brun (émetteur de gaz à effet de serre) et le capital vert (sans émissions).

Ce modèle éclaire les enjeux liés à la transition d’une production carbonée à d’autres plus propres, au niveau français, et à évaluer les effets de différentes stratégies de décarbonation, comme l’introduction d’une contrainte de budget carbone résiduel à respecter et/ou la fixation de plafonds d’émissions annuels.

Les simulations de l’INSEE présentées dans cette étude permettent de comparer les conséquences de différents objectifs de décarbonation des investissements bruns et verts et des actifs échoués en France, entre 2022 et 2050 (année de réalisation visée de la neutralité carbone). Elles sont articulées autour d’un scénario de référence, d’inaction climatique, dépourvu de toute contrainte sur les émissions. Puis de quatre scénarios de décarbonation qui sont évalués, partageant tous l’objectif ZEN à partir de 2050, avec respectivement pour cibles : 1) uniquement l’objectif ZEN, 2) une baisse de 55 % des émissions nettes en 2030 par rapport à leur niveau de 1990 (Fit for 55), 3) Fit for 55 en 2030 et une baisse de 90 % des émissions nettes en 2040, et 4) la mise en place d’un budget carbone national compatible avec l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris (+1.6 °C de réchauffement).

D’autres scénarios sont également élaborés afin d’évaluer les effets de l’intensification du ciblage par plafond annuels d’émissions ainsi que trois scénarios de transition retardée selon la date du début de la gestion optimale du budget carbone restant (2023, 2028 ou 2033). Sur ces trois derniers scénarios, il est logiquement observé qu’une transition plus tardive est plus coûteuse, qu’elle conduit à plus d’échouages du capital brun et qu’elle restreint la possibilité de respecter les objectifs temporels.

Le scénario de référence démontre qu’en l’absence de progrès technique et de croissance démographique, l’économie reste stable par rapport à l’année initiale (2022) lors de laquelle les investissements bruns et verts coexistent. Dans ce scénario, les émissions croissent linéairement, épuisant le budget carbone en une dizaine d’années. A contrario, on constate qu’avec les trajectoires optimales, le scénario ZEN est compatible avec un réchauffement à 1.8 °C, le scénario Fit for 55 à 1.75 °C, et celui Fit for 55 +90 à 1.65 °C.

Selon le résultat de ces simulations, afin de limiter le réchauffement à un niveau donné, introduire explicitement une contrainte sous la forme d’un budget carbone restant minimiserait le coût économique associé. L’échouage du capital brun est alors élevé la première année avec des budgets limités. Il est possible de s’en approcher avec des plafonds d’émissions régulièrement espacés dans le temps, qui s’appliquent dès la première année, et limitant les émissions de cette trajectoire optimale.

Enfin, l’une des conclusions de ce modèle est de constater un investissement total systématiquement inférieur à celui de l’état initial, ce qui s’oppose aux conclusions des récentes études publiées à ce sujet (I4CE en 2022 et Rapport Pisany-Ferry & Mahfouz en 2023). Les auteurs l’expliquent par deux pistes : premièrement, du fait de la transition, un même service rendu coûte plus cher avec du capital vert qu’avec du capital brun, les projections de surcroît de l’investissement le recouvrant au moins en partie. Par ailleurs, s’il est clair que le remplacement accéléré d’équipements bruns par des équipements verts impliquerait une hausse du volume d’investissement net par rapport à un scénario sans transition, il faut tenir compte de la possibilité d’effet d’équilibre général pouvant conduire à la réduction d’autres investissements ce qui n’est pas forcément intégré dans les estimations établies.

Flux d’émission pour le budget carbone 1.6 °C avec différentes dates de démarrage de la transition

Source : INSEE, « En chemin vers la neutralité carbone. Mais quel chemin ? », page 31

Synthèse rédigée par Christopher Puyraimond,
Analyste, Pôle fonds immobiliers

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